Consommation d’alcool et hypertension artérielle 81

Mickael Naassila, Naouras Bouajila, Daniel Thomas, Henri-Jean Aubin.
Résumé
Les pathologies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité attribuable à l’alcool, après les cancers. L’impact de la consommation d’alcool sur la pression artérielle et le risque de pathologies cardiovasculaires semble encore largement sous-estimé dans la population générale et par les professionnels de santé. Pourtant, de très nombreuses études ont démontré l’augmentation de la pression artérielle, dose-dépendante, même à des niveaux de consommation proches des repères de consommation (deux verres, soit 20 g/j). Les effets prétendument protecteurs des faibles niveaux de consommation ne sont pas confirmés, même chez les femmes. Le profil de consommation de type « binge drinking » a un impact particulièrement important sur la pression artérielle. L’augmentation de la pression artérielle due à l’alcool est réversible après diminution de la consommation. Plusieurs mécanismes physiopathologiques ont été proposés pour expliquer les effets hypertenseurs de l’alcool. Le repérage de la consommation d’alcool par les professionnels de santé reste largement insuffisant, notamment en France, même chez les sujets hypertendus alors qu’une intervention est efficace. Il apparaît particulièrement important de renforcer la formation des professionnels de santé et le repérage de la consommation d’alcool à des fins de prévention primaire mais aussi secondaire lorsque l’hypertension est déjà installée. Les sociétés savantes et fédérations devraient renforcer la communication sur les risques liés à la consommation d’alcool.
Septembre 2023
La revue du praticien n° Tome 73 / n° 10 PDF