Traitements médicamenteux de l’insomnie 63

Marie-Françoise Vecchierini, Damien Léger.
Résumé
Le traitement de première intention des adultes atteints d’insomnie chronique est la thérapie cognitivo-comportementale. Toutefois, compte tenu des difficultés d’accès à cette thérapeutique, les prescriptions médicamenteuses restent fréquentes. Considérant les médicaments qui ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication, les Z-drugs (zolpidem et zopiclone), prises à bon escient, à la bonne posologie et à la bonne heure, favorisent l’initiation du sommeil et ont moins d’effets indésirables que les benzodiapézines, notamment celles à longue durée d’action, dont la prescription doit être évitée. Cette classe de médicaments est soumise à une réglementation particulière de durée de prescription (28 jours au maximum). Certains antihistaminiques peuvent être utiles comme hypnotiques, avec un faible niveau de preuve d’efficacité et des effets indésirables, notamment sur la vigilance du lendemain; ils sont à éviter chez les sujets âgés. Certains antidépresseurs sédatifs sont prescrits, à faible dose, hors AMM. Plus récemment, la mélatonine, synchroniseur endogène des rythmes biologiques, a obtenu une AMM dans les troubles du sommeil du sujet âgé de 55 ans ou plus, dans sa formulation à longue durée d’action, suppléant la baisse physiologique de cette hormone avec l’âge. Induisant une somnolence, elle favorise l’endormissement, l’efficacité du sommeil, peut améliorer sa durée et assure un réveil de bonne qualité, sans accoutumance, sans syndrome de sevrage, et sans effet délétère majeur si l’on fait attention à la posologie et aux interactions médicamenteuses. Enfin, une nouvelle classe de médicaments, les anti-orexines, compte un premier représentant commercialisé en France: le daridorexant. La place de ces molécules dans la stratégie thérapeutique de l’insomnie chronique devra être précisée.
Juin 2024
La revue du praticien n° Tome 74 / n° 13 PDF