Cancers du rectum opérés à visée curative: surveillance, prévention secondaire, complications tardives 44

Côme Lepage.
Résumé
L’incidence du cancer colorectal a augmenté de plus de 50% au cours des trente dernières années. Sur la même période, le nombre de décès est demeuré stable, ce qui reflète des progrès thérapeutiques majeurs. Le taux de survie nette à cinq ans des patients opérés à visée curative d’un cancer du rectum varie de 96% pour les stades I à 71% pour les stades III. Parmi eux, près de 12 % des stades I, 30 % des stades II et 54 % des stades III développent un cancer métachrone ou une récidive au cours des cinq ans qui suivent l’intervention. Ce risque élevé de récidive soulève la question de la surveillance postopératoire, afin de détecter les récidives précoces et les cancers métachrones à un stade curable. L’incidence annuelle des adénomes est faible, et le risque cumulé de récidive endoluminale ou de cancer métachrone est très faible. Par conséquent, la surveillance endoscopique intensive est inutile. La surveillance postopératoire des récidives à distance est mal codifiée. Cependant, en dépit de leurs limites, de récents essais et méta-analyses suggèrent que la combinaison d’une surveillance clinique avec l’imagerie hépatique et pulmonaire augmente la survie. L’ACE n’a plus aucune utilité dans la surveillance après résection à visée curative. Dans le futur, les enjeux seront d’établir des scores prédictifs afin d’ajuster la surveillance en fonction des caractéristiques moléculaires de la tumeur réséquée. Enfin, le dépistage des séquelles et leur prise en charge sont des éléments importants du suivi après résection à visée curative des cancers du rectum, surtout chez les patients ayant reçu une radiothérapie néo-adjuvante.
Mars 2022
La revue du praticien n° Tome 72 / n° 4 PDF