Facteurs de risque et de protection du cancer colorectal 63

Bernard Denis.
Résumé
Comportement et environnement jouent un rôle plus important que l’hérédité dans la carcinogenèse colorectale. La part des cancers colorectaux (CCR) attribuable à une exposition professionnelle, à la pollution ou à un statut socio-économique défavorable est faible. Les niveaux de risque sur lesquels reposent les recommandations françaises de dépistage du CCR sont obsolètes et doivent être actualisés. Un individu ayant un ou deux adénomes non avancés réséqués lors d’une coloscopie est à risque faible de CCR. Seuls les antécédents familiaux au 1er degré de CCR chez un parent avant 50 ans ou chez deux parents quel que soit l’âge confèrent un surrisque significatif. Certaines maladies ou situations sources d’un sur-risque de CCR n’étaient pas prises en compte précédemment: mucoviscidose, radiothérapie et survivant de cancer pédiatrique. De nouveaux syndromes de prédisposition héréditaire associés à un risque très élevé de CCR ont été décrits en sus du syndrome de Lynch et de la polypose adénomateuse familiale: polypose associée à MUTYH, syndromes de déficience constitutionnelle du système MMR, Lynch-like, PPAP et X. La moitié des CCR sont liés à des facteurs de risque modifiables associés au mode de vie occidental tels que sédentarité, malbouffe et obésité. Les recommandations hygiéno-diététiques destinées à la prévention primaire du CCR n’ont rien de spécifique: activité physique, limitation des viandes rouges et charcuteries, augmentation des fibres alimentaires et produits laitiers, limitation de l’alcool et éviction du tabac. Enfin, il est prématuré d’utiliser l’aspirine en prévention primaire du CCR en dehors du syndrome de Lynch et d’un risque cardiovasculaire significatif associé.
Mots clés : Colorectal Neoplasms.
Décembre 2022
La revue du praticien n° Tome 72 / n° 7 PDF