Aliments ultra-transformés : de la recherche aux recommandations 45

Bernard Srour, Eloi Chazelas, Mathilde Touvier.
Résumé
Au cours des dernières décennies, les systèmes alimentaires ont connu une augmentation importante du degré de transformation et de formulation des produits. Les aliments dits « ultratransformés » ont subi d’intenses processus de transformation (biologique, chimique, physique), susceptibles d’impacter largement les matrices alimentaires, et contiennent généralement des additifs (colorants, exhausteurs de goût, édulcorants, émulsifiants, etc.) ou d’autres ingrédients typiquement industriels (maltodextrine, huiles hydrogénées, etc.). Plusieurs de leurs caractéristiques ont incité les chercheurs à investiguer l’impact de leur consommation sur la santé : moindre qualité nutritionnelle en moyenne, présence d’additifs pour lesquels des études précliniques in vitro/in vivo ont suggéré certains effets nocifs, présence de contaminants issus des procédés de transformation ou des emballages, texture et propriétés sensorielles incitant à la surconsommation, etc. Ces dernières années, des dizaines d’études prospectives dans le monde ont observé des associations entre la consommation de ces produits et des risques plus élevés de maladies chroniques (cancer, maladies cardiovasculaires, diabète, obésité…) et la mortalité. En France et dans d’autres pays, les autorités de santé publique recommandent donc désormais de limiter leur consommation. Des travaux de recherche sont nécessaires afin de mieux comprendre les substances, procédés et mécanismes en jeu et d’orienter la réglementation sur l’usage de certains ingrédients, additifs ou pratiques de transformation.
Janvier 2022
La revue du praticien n° Tome 71 / n° 3 PDF